[Livre audio] La dernière allumette de Marie Vareille

Depuis plus de vingt ans, Abigaëlle vit recluse dans un couvent en Bourgogne. Sa vie d’avant ? Elle l’a en grande partie oubliée. Elle est même incapable de se rappeler l’événement qui a fait basculer sa destinée et l’a poussée à se retirer du monde.

De loin, elle observe la vie parisienne de Gabriel, son grand frère, dont la brillante carrière d’artiste et l’imaginaire rempli de poésie sont encensés par la critique. Mais le jour où il rencontre la lumineuse Zoé et tombe sous son charme, Abigaëlle ne peut s’empêcher de trembler, car elle seule connaît vraiment son frère...

Titre : La dernière allumette - Autrice : Marie Vareille

Lu par Caroline Tillette & Renaud Bertin - Durée : 7 h 44 min

Éditeur : Audiolib - Date de sortie : mars 2024

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Avertissement (Trigger Warning) :

Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez. Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.

⇾ anxiété - crise d'angoisse - deuil - maltraitance - mort - syndrome de stress post-traumatique - violence conjugale

Depuis sa parution, La dernière allumette (Charleston, 2024) a beaucoup fait parler. Les avis dessus étant extrêmement positifs, j'en ai même offert un exemplaire à ma grand-mère pour son anniversaire (l'édition en gros caractère, de chez Ookilus). De mon côté, j'ai opté pour la version audio, lu par Caroline Tillette et Renaud Bertin.

Deux enfants face à la violence.

Abigaëlle a fait vœu de silence, dans une abbaye en Bourgogne. Entre ses idées embrouillées, ses trous noirs et son imagination fertile, elle nous raconte l'histoire de son frère Gabriel, désormais artiste reconnu, et de sa rencontre avec Zoé. Et sa peur qu'un drame arrive, à l'aune de ce qu'iels ont vécu enfants... Des extraits des journaux qu'elle écrivait lorsqu'elle était enfant (débutés à 7 ans) nous plongent dans un climat familial difficile, avec un père toxique et violent, dans le quotidien d'enfants funambules.

Une narratrice et un narrateur au service d'une histoire surprenante, difficile et touchante.

La narratrice Caroline Tillette (actrice) prête sa voix à Abigaëlle - les passages de "maintenant" aussi bien que lorsque nous lisons des extraits des carnets qu'elle tenait enfant, dans les années 90. Quant au narrateur Renaud Bertin (comédien et voix-off), il est principalement la voix du Dr Garnier, un psychiatre qui va avoir une grande importance tout au long de l'histoire. 

C'est un crève-cœur d'écouter ces deux enfants supporter cette violence, un crève-cœur de découvrir la manière dont les choses ont évolué pour elleux à mesure que les années ont passé. Cette promesse de ne jamais fonder leur propre famille de peur de devenir comme leurs parents. C'est avec appréhension que s'écoutent les confidences embrouillées d'Abigaëlle et celles faites au Dr Garnier, aussi. Il y est beaucoup question de violence conjugale et d'emprise. Culpabilité, peur, impuissance, déni, amour, entraide, espoir, tout s'entremêle et certains chapitres s'écoutent le souffle court. En plus, l'autrice lâche parfois des révélations qui remettent en question ce que nous avons pu nous imaginer précédemment en lisant/écoutant le début de l'histoire. La construction du roman est très bien pensée. Il faut aussi souligner la manière, la justesse, dont Marie Vareille traite le sujet principal du roman. Un entretien avec elle, de près de trente minutes, conclut d'ailleurs ce roman marquant.

La dernière allumette est seulement le deuxième roman de l'autrice que je découvre, après Désenchantées (Charleston, 2022). Une réussite, parce que ça a été à la hauteur des attentes que j'en avais suite aux différents retours dessus. Le prochain que je lirai/écouterai d'elle sera sûrement Le syndrome du spaghetti (PKJ., 2020) qui me tente depuis bien trop longtemps !

Pour celleux qui attendent la version poche (Le Livre de Poche) de La dernière allumette, à vos agendas, ça arrive en avril !

"Si au lieu de sourire, d'inventer, d'enterrer l'horreur le plus profond possible sous les fleurs de mes mensonges, j'avais appelé à l'aide, est-ce que quelqu'un aurait répondu ?"