Interview de Raphaële Moussafir

4 mars 2014







Pour le lancement de la nouvelle collection Pépix, de chez Sarbacane,
 l'auteure de Sacrée Souris - Raphaële Moussafir - a accepté 
de répondre à quelques questions.









Pour commencer, voilà un petit cours accéléré pour ceux/celles
qui ne savent pas encore ce qu'est Pépix :

* Pépix, c'est quoi ?
Des romans pour les 8-12 ans : des univers riches, des héros fortiches et un humour piquant 
- contes fantaisistes d'ogres et de sorcières, aventures buissonnières de pirates et de gangsters...

* Pépix, c'est qui ?
Des auteurs français : jeunes ou confirmés sur le secteur 8-12, ils relèvent le pari d'un roman
alliant l'efficacité des Anglo-Saxons et un ton espiègle à la française... et ils se déplacent en 
école ou en librairie, vont à la rencontre des lecteurs !

* Et en bonus :
De l’interactivité ! 40 dessins noir & blanc par titre et plein d'idées graphiques, 
de chapitres-bonus, de schémas, de recettes, de trucs & astuces du héros...


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Accrochez-vous, l'interview commence !


1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis comédienne de formation (et de profession même si aujourd'hui j'écris plus que je ne joue) et ai répondu à une annonce de stage d'écriture pour comédien en 2002. Ça devait me chatouiller sans que j'ose le dire. De là est né un petit morceau de Du vent dans mes Mollets qui fut ensuite mon premier spectacle (en tant qu'auteur et comédienne). Ce spectacle a fait des petits, (un roman, une BD, un film) et m'a permis de me mettre sérieusement à l'écriture puisque j'ai écrit un second roman que j'ai par la suite joué (Et pendant ce temps là les araignées tricotent des pulls autour de nos bilboquets, éditions Intervista) et que je travaille également à l'écriture de deux scénarios dont une comédie musicale pour enfants.


2. Qu'est-ce qui vous plait dans le fait d'écrire pour la jeunesse ?
La liberté d'expression. La langue des enfants est sans fards. Vous ne pouvez rien enrober, vous ne pouvez pas leur mentir, j'affirme que c'est le seul lectorat à qui on ne peut pas la faire à l'envers. Exactement comme la scène: si vous jouez devant des enfants et que vous êtes aux fraises, la sanction est sans pitié, extrême et immédiate alors que nous, adultes, sommes capables de nous faire avoir par "l'étiquette" ou la "chapelle" auxquelles correspondent les livres, films et spectacles  qu'on nous propose. On est beaucoup plus influençables que les enfants.


3. Quels sont vos secrets pour captiver les jeunes (et les moins jeunes aussi d'ailleurs) lecteurs ?
Je n'ai évidemment pas de secret. Je pense que si certains lecteurs apprécient ce que je commets, c'est peut-être parce que je crois que je mesure encore 1m30. C'est très bizarre. Même quand je m'achète des vêtements je ne suis pas habituée à ma morphologie et c'est à peine si j'ai intégrée ma féminité (j'ai 40 ans...). Donc d'après moi, c'est probablement parce que je suis au même niveau que les jeunes, que ce que je leur raconte leur parvient. Quant aux moins jeunes, j'imagine que mes écrits plaisent à tout ceux qui ont comme moi été des sales gosses et qui n'ont rien oublié de leur premier jour d'école. 


4. Pourquoi avoir voulu écrire sur la (fameuse) Petite Souris ? Comment vous est venue l'idée ?
Je ne me souviens plus bien quand ni comment m'est venue l'idée. En tout cas, un jour j'en ai parlé à ma fille, je lui ai dit: "ça te dirait d'écrire un livre sur la petite souris avec moi?". Elle m'a dit oui. On a fait une séance d'échanges d'idées, et ensuite, elle a "abandonné le projet". Pourtant je ne l'ai pas martyrisée ni rien mais je crois que ça l’enquiquinait de travailler avec sa mère et d'avoir des rendez vous fixes. Du coup ça m'a mis le pied à l'étrier, et j'ai continué dans mon coin.


5. Léonore, la Petite Souris, vous a-t-elle été inspirée par quelqu'un en particulier ?
Au fil de la plume je me suis rendu compte que l'histoire de Léonore était un peu beaucoup mon histoire... D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que je le dédie à ma grande sœur.


6. Les personnages sont des souris, mais les enfants peuvent facilement s'identifier à elles à travers les événements auxquels elles font face. Avez-vous voulu leur faire passer un message avec ce livre ?
Au départ, pas particulièrement. Mais comme souvent, je découvre les choses au fur et à mesure que je les écris et elles prennent forme et sens petit à petit. Je suis sûre que si je partais avec des idées précises de message ou d'histoire à raconter, je serais didactique, ennuyeuse et moi même je crois que je m'ennuierais. Il y a dans l'écriture une part d'improvisation qui peut parfois permettre aux choses de sortir avec plus de justesse que lorsqu'elles sont volontaires. Je constate donc rétrospectivement que j'ai voulu parler de la vie en communauté, des préjugés, de la place qu'on nous donne, de l'étiquette qui est la notre, dont on n'est qu'à moitié responsable. La possibilité de grandir, d'évoluer, d'être pris au sérieux et de découvrir qu'on s'est trompé et qu'on est injuste avec certaines personnes: par exemple la Souris Verte qui est l'idiote coquette de service ne l'est pas autant qu'elle n'en a l'air. J'ai toujours été très touchée par les gens qui n'avaient pas le physique de ce qu'ils étaient...  


7. Comment s'est passée la collaboration avec l'illustratrice Caroline Ayrault ?
J'ai dû changer ma façon de travailler car pour la BD de Du Vent Dans Mes Mollets, Mamzelle Rouge et moi avions tout fait ensemble: j'avais adapté, storybordé, elle avait dessiné, interprété, incarné. Mais là, ce n'était pas un roman graphique. Donc chaque partie était sensée être beaucoup moins perméable et la collaboration plus mince (à nouveau, par comparaison avec un roman graphique à quatre mains). Pour autant, on a vraiment pu échanger, j'ai pu donner mon avis, suggérer, et ce qui est chouette, c'est qu'on allait tous dans le même sens et la seule réunion qu'on ait faite tous ensemble était super, facile, constructive. Caroline est douée, ouverte et humble. Elle s'est  vraiment décarcassée, elle aimait le projet, plus ça allait, plus ses propositions s'affinaient, plus on se rencontrait. Elle était dans une vraie recherche tout en étant ouverte et il est arrivé que je soumette quelques idées de dessins à Tibo dont elle disposait comme elle l'entendait. 
La seule collaboration définie entre nous sont les bulles et les légendes que j'ai ajoutées.  


8. Pour vous, quels sont les plus grands atouts de cette nouvelle collection Pépix ?
Bon, je n'aime pas caresser dans le sens du poil, mais quand même, Tibo Bérard est un sacré atout, son énergie, son ambition au sens noble (et non obsessionnel) du terme. Tibo s'est régalé à essayer de dénicher des auteurs sur lesquels il aurait aimé tomber quand il était petit. Sa façon de nous parler, de nous guider, c'est la force de Pépix. Il est gourmand, il aime et ne vous lâche pas. Franchement, je pense qu'il salive quand il bosse. Je me souviens de séances de boulot au téléphone où on essayait de remplacer un mot par un autre, de trouver le mot le plus approprié à tel personnage ou telle situation et où j'avais l'impression que c'était un jeu télévisé, il ne nous manquait plus qu'un buzzer et le point serait revenu à celui qui aurait trouvé LE mot le plus juste, le synonyme qui tue, le gros mot qui n'en est pas un, l'adjectif insolite. On était surexcités.
Voilà, l'atout de Pépix, c'est Frédéric, Tibo, Charlotte...: ce sont de vrais instinctifs. L'instinct et l'audace font peur et cette peur est à l'origine de la tiédeur ambiante actuelle: On essaie de recycler des recettes qui ont fait leur preuve alors que seules l'originalité et la spontanéité font et ont fait recette. Oui, je n'ai pas que huit ans d'âge mental, je suis aussi une vieille rabat joie proche de Victor Émile Souris que je comprends...


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Alors ? Convaincu par cette nouvelle collection ?
Pour moi, sans hésitation, c'est un grand OUI.


Merci aux éditions Sarbacane ; pour ce partenariat qui dure depuis plus d'un an déjà ! Pour toutes les 
belles découvertes que j'ai pu faire grâce à eux. Et merci de m'avoir proposé de faire cette interview ♡
Et enfin, un grand merci à l'auteure, Raphaële Moussafir, d'avoir répondu à toutes mes questions.

Commentaires

  1. Oooh Merci Marinette pour nous proposer cette interview, je viens de la lire et elle est vraiment très intéressantes avec un côté marrant. Et pour moi c'est évidemment oui, je suis plus que convaincue par Pépix ! (Et merci aussi à Raphaële Moussafir d'avoir accepté de répondre à tes questions !)

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    1. Ça nous donne un aperçu du caractère de l'auteure ^_^ Et j'ai été ravie d'en savoir plus sur elle.

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  2. On ne peut pas t'arrêter d'écrire des articles! À chaque fois que je viens, il y a du neuf!
    Super interview!

    Schtroumpfette (qui a un nom, maintenant) ^^

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    1. Et demain il y aura encore des news ^^ Une chronique sur L'école des Mauvais Méchants =)
      Je file découvrir ton blog ;-)

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    2. Il est encore en travaux, mais si t'as des idées pour l'améliorer! ^^

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    3. Merci! Il reste la bannière, plusieurs pages, et un peu d'organisation... j'ai trop de trucs à faire en même temps, trop d'idées, j'y arrive pas.

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    4. Fais une liste, et avances petit à petit ;-)
      C'est normal de ne pas pouvoir faire tout d'un coup.

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  3. Le livre qui me tente de cet auteure est Du vent dans mes mollets. Le film était très triste. Le livre doit l'être.

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    1. Je n'ai pas encore lu Du vent dans mes mollets, ni vu le film. Mais je compte bien le faire =)

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Merci beaucoup pour votre passage par ici et votre commentaire ♥