L'incroyable voyage de Coyote Sunrise de Dan Gemeinhart

27 juil. 2024


Rentrer chez soi est parfois le plus difficile des voyages...
Coyote, douze ans, vit avec Rodeo, son père, dans un bus scolaire. Ensemble, ils sillonnent les États-Unis au gré de leurs envies, embarquant parfois quelques autostoppeurs à l’âme en peine.
Quand Coyote apprend que le parc de son enfance va être détruit, elle décide de tenter l’impossible : traverser le pays en moins de quatre jours pour arriver avant les bulldozers. Un défi de taille, puisque Rodeo a juré de ne jamais retourner sur les lieux qui abritent leurs plus précieux souvenirs. Mais le voyage est parfois plus important que la destination...

L'incroyable voyage de Coyote Sunrise de Dan Gemeinhart
Éditions PKJ, 2020 – 464 pages - 18,90 €

VO : The Remarkable Journey of Coyote Sunrise (2019) - Traduit par Catherine Nabokov

Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez. Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
mort - deuil - évocation de violence conjugal et de rejet familial (coming out)


Si j'avais déjà vu passer des avis sur ce roman, c'est celui d'Anna qui m'a fait craquer il y a quelques mois. Un roman que j'étais certaine de lire cet été et il m'a bel et bien accompagné durant ces derniers jours de juillet.

"Rodeo, prince des marginaux, était plus flippant que jamais.
Cet homme est un cas désespéré. Il est sauvage, brisé, imprudent, beau, et il ne tient qu'à un fil, mais c'est un sacré fil et il s'y accroche de toutes ses forces, avec ses deux mains et son cœur. [...]"

Coyote et Rodeo vivent dans un bus depuis cinq ans. Des années sur la route, pour essayer de garder la tristesse du passé loin derrière. Mais cela ne convient peut-être pas autant à la fille que cela semble convenir au père... Coyote, douze ans, est déterminée à retourner "à la maison" lorsque sa grand-mère lui apprend qu'un parc de son enfance va être détruit. Un parc dans lequel est enterré de trop précieux souvenirs. Débrouillarde, elle va devoir l'être, car si son père soupçonne qu'elle manigance pour rentrer, il s'y refusera, elle le sait. 

"Je crois que, parfois, la vie peut sembler trop : trop forte, trop intense, trop tout court. Surtout dans les moments importants. Mais, en général, on puise au fond de soi les ressources nécessaires. On trouve ce dont on a besoin pour grandir et faire siens ces moments importants."

L'incroyable voyage de Coyote Sunrise est un beau roman - serrements au cœur et émotions sont au rendez-vous. J'ai adoré faire ce voyage avec les personnages - les voir s'entraider, veiller les un•e•s sur les autres, du mieux qu'iels peuvent. La relation père-fille est particulièrement touchante, chargée par leur histoire commune.

Tout ce que nous pouvons attendre d'un road trip est là. Des kilomètres avalés, des rencontres sur la route, des bouts de vie racontés... Quelques personnes vont faire un peu de chemin avec Coyote et Rodeo. Des gens à qui Coyote va pouvoir confier ses souvenirs et la promesse qu'elle tient à tenir. Des gens à qui Coyote va apporter l'aide qu'elle peut, aussi. Un roman mêlant amitié, amour, souvenirs et deuil - à la fois solaire et émouvant.

Mention spéciale à la jolie couverture, par Celia Krampien ♥

Bon à savoir :
La suite sort dès le mois d'octobre en français : Coyote perdue et retrouvée.



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Lu dans le cadre du Ice Cream Summer Challenge 2024
Les trésors de l'été - Echos des voyages passés
(aventures - enquêtes - récit de voyage)

Le temps des mitaines, tome 2 : Sa majesté des escarmouches de Loïc Clément et Anne Montel

23 juil. 2024


Risque de spoiler si vous n'avez pas lu le tome précédent.
Céleste, Prosper, Angus, Nocte et Caïus sont devenus inséparables. Amis, c'est certain... mais lorsque l'amour se mêle à cette nouvelle amitié, les relations de la bande se compliquent ! Et ce n'est pas leur prochain voyage scolaire qui va apaiser les coeurs : les voici échoués sur une île perdue particulièrement hostile avec des disparitions en série...

Le temps des mitaines, tome 2 : Sa majesté des escarmouches de Loïc Clément et Anne Montel
Éditions Little Urban, 2022 - 240 pages - 12,90 €


Je vous remets des explications données lors de ma chronique du premier tome, pour resituer un peu les choses dans l'univers créé par le duo Clément / Montel : Une série de BD chez Dargaud et une série de romans chez Little Urban portent toutes deux le titre Le temps des mitaines et nous place dans la vallée des Mitaines. Niveau chronologie, les romans se déroulent vingt ans avant les BD - du temps de la jeunesse de Goupil (qu'on retrouve dans Professeur Goupil) et de Céleste (dont le fils, Arthur est un des personnages principaux des BD). 

Angus Goupil (renardeau), Prosper Bluth (souriceau), Céleste Anternoz (oursonne), Nocte Stoker (chauve-souris) et Caïus Ménuss (chaton) sont désormais lié•e•s par une solide amitié et vont pouvoir se serrer les coudes face à ce qui les attend ; un voyage scolaire qui part en cacahuète et se finit sur une île assez singulière. 

"[...] La vie c'est bien trop triste pour y consacrer nos larmes ! Même quand tout semble perdu, c'est bien de garder une lueur d'espoir. [...]" - Prosper

Ma lecture du premier tome remonte seulement à avril dernier, mais j'avais vraiment hâte de continuer cette saga jeunesse qui se révèle être une belle pépite. L'histoire ne ressemble pas du tout à celle du premier tome, mais nous y retrouvons les mêmes points positifs. C'est original, bourré de références (que l'auteur évoque à la fin) et de jeux de mots rigolos, avec de l'aventure et du danger, des personnages super attachants (nous continuons à les voir évoluer, s'entraider, se révéler) et une touche de surnaturel. Des sujets importants sont, une fois de plus, évoqués au fil du récit, dont la misogynie et l'homosexualité. Et puis, l'objet livre est très beau - et le texte est accompagné de quelques jolis dessins en noir et blanc. Bref, comme toujours, ce que propose le duo Clément / Montel me plaît énormément. Si troisième tome il y a, je serai au rendez-vous !


Chronique du premier tome :

Les jours mauves de Kalindi Ramphul

20 juil. 2024


Avant de mourir, le père d’Indira lui a confié sa dernière volonté : que ses cendres soient répandues sur Mars... Une vocation secrète d’astronaute ? Pas du tout, juste le nom de son PMU favori au sommet des Pyrénées ! Indira prend alors une décision qu’elle regrette aussitôt : organiser un road trip en autocar avec les amis de son père. Direction Superbagnères, Haute-Garonne.
De pannes en esclandres, avec force champagne en thermos, le voyage prend des allures d’odyssée tandis qu’Indira apprend à connaître ses compagnons de galère. Et à travers eux, ce père qu’elle avait renoncé à aimer...

Les jours mauves de Kalindi Ramphul
Éditions JC Lattès, 2024 – lu en ebook - 14,99 €

• service presse •

Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez. Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
maladie (cancer) - deuil - évocation d'alcool et drogue, de racisme et d'homophobie


Lectrice du site Madmoizelle à l'époque où Kalindi Ramphul commençait à y travailler (en temps que journaliste ciné/séries), je prenais plaisir à lire ses articles. C'est donc avec curiosité et enthousiasme que je me suis penchée sur son premier roman. Écrit à la première personne du singulier et dédicacé au père de l'autrice, on sent qu'il y a, forcément, du personnel dans ce roman.

"Ma fille, quand je serai mort, envoie-moi en orbite sur Mars."

Le portrait de toute une palette de personnages secondaires, haut en couleur, nous est dressé. Iels accompagnent Indira, personnage principal au caractère bien trempé (qui peut agacer, oui), pour honorer les dernières volontés de son père. La trentenaire jongle entre amour et haine le concernant, dus aux incompréhensions, une différence de caractère et à une certaine distance gardée entre elleux de son vivant.

Même s'il s'agit d'un road trip, de Puteaux à Superbagnères en bus, et que dans ces cas-là, ce sont souvent les rencontres faites en chemin, les discussions à cœur ouvert, etc. qui comptent, j'ai trouvé qu'il y avait un brin trop de digression et de personnages. Par exemple concernant les histoires d'amour passées d'Indira, qui n'apportent, selon moi, pas grand chose au récit. Je n'ai pas l'impression qu'un quelconque parallèle soit fait entre sa relation aux hommes et celle avec son père. Ou alors pas assez clairement pour être réellement intéressant. Cela dit, j'ai passé un bon moment et ai été ravie de lire ce premier roman de Kalindi Ramphul, qui nous plonge dans un road trip mêlant les souvenirs d'Indira à celleux qui l'accompagnent, pour que la jeune femme se fasse une meilleure idée de qui était son père - mauricien habitant en France, ami, amant, sportif. Les derniers chapitres sont émouvants et bien écrits, transmettant toutes les émotions d'Indira. 

"- Il était souvent con ton père, mais parfois, il était merveilleux." (la mère d'Indira)

La personnalité de l'autrice se retrouve dans son écriture sensible et "vivante".
Je serai probablement au rendez-vous pour son prochain roman.

Le restaurant des recettes oubliées, tome 1 de Hisashi Kashiwai

17 juil. 2024


Caché dans les ruelles de Kyoto se trouve le petit restaurant des Kamogawa, d’où s’échappent d’exquises odeurs de cuisine traditionnelle japonaise.
En plus de délicats repas faits maison, Nagare et sa fille Koishi proposent une expérience qui sort de l’ordinaire : cuisiner un plat que leurs clients ont en mémoire, mais dont la recette est depuis longtemps oubliée. Pour chaque nouveau plat, la famille Kamogawa enquête et propose à ses convives de déguster une nouvelle fois les mets savoureux qui ont marqué leur vie. Par la magie des émotions et de la nostalgie, ces délices perdus enfin retrouvés permettent de rêver à de nouveaux départs.


Le restaurant des recettes oubliées, tome 1 de Hisashi Kashiwai
Éditions J'ai Lu, 2024 - 288 pages - 7,90 €

VO : 鴨川食堂 (2013) - Traduit par Alice Hureau


Le titre (et, de ce fait, le concept du restaurant) m'a beaucoup intrigué. D'ailleurs, mieux vaut relire la quatrième de couverture avant de se plonger dans le roman, pour mieux en comprendre le principe. Tout part d'un restaurant - et d'un bureau d'enquête en gastronomie - tenu par un père (Nagare) et sa fille (Koishi). Lui est un ancien enquêteur de police qui cuisine de bons plats qui ravivent les souvenirs de celles et ceux qui viennent le voir exprès pour cela. Il enquête pour trouver la recette parfaite.

Le livre est divisé en plusieurs parties, consacrées à une recette et à une personne différente à chaque fois. Le temps de quelques chapitres, des bouts d'histoires nous sont contés - des relations amoureuses (longue ou avortée) et des souvenirs d'enfance.

J'ai beaucoup aimé l'idée, mais le principe revient toujours au même d'un chapitre à l'autre, menant à de nombreuses répétitions. Si les tomes suivants proposent exactement le même rythme, c'est une saga que je ne continuerai sans doute pas. Ce premier tome me suffit, surtout que je n'ai pas toujours trouvé le comportement du père et de la fille très agréable. Cela dit, c'est une lecture qui nous fait (re)découvrir, d'une jolie façon, certaines traditions japonaises liées à la nourriture notamment, mais aussi au respect des défunts, etc.

"Les relations humaines sont étranges. Nous sommes destinés à rencontrer certaines personnes. C'est pour cela que nos clients nous trouvent sans la moindre difficulté. De même, ceux dont le destin est lié à nous arrivent ici sans problème. [...]"

Bon à savoir :
Sur sept tomes parus en VO, seuls les deux premiers ont été traduits en français pour le moment. Le deuxième tome (Le restaurant des recettes oubliées : Deuxième service) est sorti l'année dernière chez Nami.


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Lu dans le cadre du Ice Cream Summer Challenge 2024
Sérénité ensoleillée - Méditation au chant de l'eau
(sérénité - temps - suspense)

Strong Girls Forever, tome 1 : Comment ne pas devenir cinglée de Holly Bourne

14 juil. 2024


Dans le Club des Vieilles filles (comprendre : filles indépendantes et fières de l'être !), elles ont 17 ans et elles sont trois... Lottie, belle brune qui collectionne les garçons autant qu'elle les fait fuir par son intelligence. Amber, la pétulante rousse qui complexe de sa taille de girafe... et Evie. Evie a des crises d'angoisse qui l'obligent à se laver les mains 60 fois par jour et qui lui ont gâché la vie pendant des années. Aujourd'hui, elle ne rêve que d'une chose : devenir enfin "normale" ! Lycée, fêtes, copines... et un premier petit copain normal, est-ce trop demandé ?

Strong Girls Forever, tome 1 : Comment ne pas devenir cinglée de Holly Bourne
Éditions Nathan, 2018 – 464 pages - 17,95 €

VO : The Spinsters club - Am I Normal Yet? (2015) - Traduit par Anne Guitton

Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez. Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ TOC et troubles anxieux généralisé - évocation d'anorexie et de harcèlement scolaire


Evie est une adolescente de seize ans qui "se remet" de trois ans de crises d'angoisse et de pensées négatives à s'en rendre malade. Aidée de sa thérapeute, son traitement diminue enfin et l'adolescente se sent revivre. Si son premier rencard vire malheureusement au fiasco, il lui permet cependant de se rapprocher de Lottie et Amber, deux adolescentes de son lycée. Les fêtes, les garçons, les questionnements féministes - les filles parlent de tout... à part de la maladie d'Evie, qui appréhende bien trop leur réaction pour se confier. 

"La maladie mentale est un monstre qui vous attrape par la jambe et vous avale malgré vos hurlements. Elle vous rend égoïste. Elle vous rend irrationnel. Elle vous rend autocentré. Elle vous rend exigeant. Elle vous fait annuler vos projets à la dernière minute. Elle vous rend ennuyeux. Elle vous rend épuisant à côtoyer."

Une trilogie YA féministe qu'il me tardait d'enfin commencer et dont ce premier tome (datant de 2015) s'est révélé bien moins léger que je ne l'imaginais. Oui, il est question de crise d'angoisse dans le résumé, mais je ne m'attendais pas à ce que l'autrice aborde le sujet de la santé mentale avec autant de profondeur. J'ai trouvé cela tellement bien qu'elle n'édulcore pas les choses, même en sachant à quel point certains passages m'ont retourné, car faisant écho à mon propre vécu. J'en ai surligné plusieurs, directement dans le livre, parce qu'ils résonnaient fort en moi - trouvant la manière qu'a l'autrice de formuler le ressenti d'Evie face à la maladie criante de vérité. Certains passages sont particulièrement éprouvants, lorsqu'on sent qu'elle rechute en essayant de le cacher à ses proches (amies, parents et petite sœur). Mais des moments plus doux, drôles et "basiques" parsèment également l'histoire. Bref, j'aurai adoré lire cette trilogie (ce premier tome en tout cas) à l'adolescence et je compte bien mettre le nez dans les suivants (consacrés à Amber et à Lottie).

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Lu dans le cadre du Ice Cream Summer Challenge 2024
Les trésors de l'été - Symphonie des jours heureux
(bonheur - amour - moments inoubliables)

J'avais un doute pour le challenge, vu que cette lecture s'est révélée moins légère que je ne le pensais, mais je trouve que les mots clés peuvent tout de même correspondre. Evie souhaite connaître le bonheur d'une vie "normale" et peut compter sur l'amour de ses proches, tout cela en vivant des moments marquants.