Marche ou crève

Mieux que le marathon... la Longue Marche.

Cent concurrents au départ, un seul à l'arrivée. Pour les autres, une balle dans la tête. Marche ou crève. Telle est la morale de cette histoire... sur laquelle on mise chaque année deux milliards de dollars.

Sur la route, le pire, ce n'est pas la fatigue, la soif ou même le bruit des half-tracks avec l'aboiement des fusils. Le pire reste cette créature sans tête, sans corps et sans esprit qu'il faut affronter : le monstrueux Dieu Foule... convulsé dans un paroxysme de plus en plus violent.

Et tandis qu'il marche, les muscles noués, Garraty entend la foule psalmodier son nom... Début d'une abominable réaction en chaîne dont il doit se sortir à tout prix... Pour quelle victoire ?

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Marche ou crève de Richard Bachman/Stephen King

Titre original : The Long Walk - Traduit par France-Marie Watkins

Editions J'ai Lu (Polar), 1995 - 346 pages

✗: "le monstrueux Dieu Foule" n'est pas aussi présent que le résumé le laisse penser. 

✓: Le rythme de l'histoire, et même les longueurs, nous permettent de sentir les km parcourus.
Un personnage principal et plusieurs secondaires, qui avancent, s'aident, s'insultent.
La fin ouverte, qui permet de l’interpréter comme on le veut ou le ressent.

Eh oui, encore un Stephen King ! Que voulez-vous, c'est une valeur sûre, pour moi. Et puis, il m'en reste tellement à découvrir. Petite surprise, à la lecture des premières pages, je ne m'attendais pas à ce que ce soit des adolescents qui prennent part à cette marche. Garraty, le personnage principal, a seize ans. Plus ou moins comme les 99 autres.

Marche ou crève, ce n'est pas de l'horreur "brut", avec tueur en série ou monstre abominable. C'est l'horreur de ce que les humains peuvent s'infliger à eux-mêmes. Cette curiosité morbide aussi, qui pousse cette foule à encourager des adolescents destinés à mourir sous leurs yeux. L'auteur est toujours aussi doué pour mettre en lumière cela. Explorer les pensées et comportements. Des amitiés éphémères, des ados qui avancent, frôlant la folie au fil des jours qui passent.

"[...] Ils veulent voir la cervelle de quelqu'un sur la route, c'est pour ça qu'ils sont venus. [...]"

Le rythme est un des points forts du roman. L'histoire commence doucement, avec Garraty qui sympathise avec certains, essaie d'en cerner d'autres. Peu à peu, nous en savons plus sur les règles de cette marche. Un vainqueur, un survivant. Interdiction de marcher en dessous de 6,5 kilomètres à l'heure... Impossible de trouver à redire aux longueurs présentes. Elles nous font accompagner les marcheurs dans leur terrible avancée, nous font sentir les km parcourus.

"Il avait l'impression d'avoir fait autant de kilomètres avec sa tête qu'avec ses pieds. Les pensées venaient et il n'y avait pas moyen de les chasser."

Outre le concept (qui est plus que tordu) de cette Longue Marche, le roman met l'accent sur les concurrents. Plus les kilomètres défilent, plus la fatigue se fait sentir et plus les langues se délient. Bien sûr, nous apprenons à connaître Garraty, qui est le personnage principal. Mais, nous apprenons également à connaître ceux qui gravitent autour de lui. Par des confidences, par des comportements, nous évaluons leur motivation, leur chance d'aller jusqu'au bout. Après tout, un seul est destiné à gagner... La fin étant assez ouverte, je comprends qu'elle en frustre certain.e.s. Elle donne la possibilité au lecteur de la (com)prendre comme il le ressent au moment de la lecture. J'ai vraiment bien apprécié cela.

En quelques mots...

Maine | Adolescents | Longue Marche | Foule | Pensées