If we were villains de M. L. Rio

Oliver Marks vient de purger une peine de dix ans de prison pour le meurtre d'un de ses meilleurs amis... un meurtre qu'il n'a peut-être pas commis. Le jour de sa libération, il retrouve le policier qui l'a fait condamner et qui veut savoir ce qui s'est réellement passé, dix ans plus tôt.

A l'époque, Oliver poursuit ses études pour devenir comédien dans un conservatoire très réputé. Il remarque bientôt que ses talentueux camarades, avec qui il étudie Shakespeare, semblent jouer le même rôle sur scène et dans la vie : le méchant, le héros, le tyran, la femme fatale... tandis qu'Oliver, lui, a l'impression d'être toujours coincé dans un rôle secondaire. 

Mais le théâtre menace d'envahir pour de bon la réalité lorsque les rôles s'inversent et que les relations se corrompent... jusqu'au jour où l'un des sept amis est retrouvé mort. Les autres doivent alors faire face au plus grand défi de leur vie d'acteur : convaincre la police - et eux-mêmes - qu'ils n'ont rien à se reprocher...

• • • • •

If we were villains de M. L. Rio

Éditions Castelmore (fibs), 2023 - 512 pages - 24,95€

VO : If We Were Villains (2017)

Traduit par Louise Malagoli

Avertissement (Trigger Warning) :

Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez.

Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.

⇾ alcool & drogue, overdose - violence physique - mort (dont suicide) - anorexie

• • • • •

M. L. Rio & Shakespeare.

Quel plaisir d'avoir trouvé ce livre sous le sapin à Noël ! Un roman que j'avais déjà repéré bien avant sa sortie en français. Le père Noël m'a apporté la belle édition avec couverture cartonnée et jaspage absolument magnifique.

Malgré ma hâte de le découvrir, le début a été un peu compliqué. J'ai trouvé les échanges entre les personnages assez grandiloquents. Bref, le côté théâtral (qui n'est pourtant pas une surprise vu le résumé hein) m'a un brin déstabilisé. Cependant, c'est cela qui contribue à son originalité et j'ai fini par m'y faire et par apprécier au point d'avoir du mal à reposer le roman - roman que l'autrice veut comme un hommage à Shakespeare.

Théâtre, amitié et drame.

Lorsqu'il était étudiant en théâtre de quatrième année au Conservatoire Classique Dellecher, Oliver était proche de Richard, Alexander, James, Meredith, Wren et Filippa. Depuis, il a passé dix ans en prison. À mesure qu'il confie enfin leur histoire au policier qui a toujours voulu connaître la vérité, nous replongeons en arrière. Leur amitié, les répétitions, les représentations, etc. Et puis les inimitiés qui ont commencé à apparaître, jusqu'au jour fatidique.

"Nos chamailleries étaient bon enfant et inoffensives, en général. Nous étions un peu comme sept frères et sœurs : le temps passé ensemble nous avait révélé le pire et le meilleur de chacun, et ni l'un ni l'autre ne nous affectait vraiment."

Prenant et original, malgré quelques bémols.

Comme d'autres lecteurs et lectrices l'ont souligné également, certains aspects de l'histoire m'ont fait penser à l'incontournable Le maître des illusions de Donna Tartt. Une atmosphère particulière, liée à la manière dont les étudiant•e•s évoluent au sein de leur groupe très fermé. Alors oui, je garde un souvenir plus intense du roman de Donna Tartt, mais je pense que M. L. Rio s'en sort quand même très bien. Surtout que, je me répète, mais elle apporte une touche d'originalité en mettant autant Shakespeare et le théâtre en avant.

"Les acteurs sont, par nature, instables ; des créatures alchimiques composées d'éléments explosifs... L'émotion, l'amour-propre, la jalousie. Quand on les chauffe et qu'on les mélange, il arrive qu'on obtienne de l'or. Et parfois... un désastre."

Parmi mes quelques regrets, il y a l'histoire personnelle finalement peu fouillée de la plupart des personnages, qui restent, de ce fait, trop superficiels et caricaturaux. Même l'histoire familiale d'Oliver un peu plus développée que les autres, ne l'est pas assez. Cela dit, ça n'empêche pas la dynamique de groupe de fonctionner. Enfin, j'aurais préféré que l'autrice s'abstienne des dernières lignes et nous épargne cette fin ouverte... Juste avant ça, nous avons des derniers actes/chapitres à l'image des pièces de Shakespeare, où le choix fait est compréhensible vu par ce biais.

De nombreuses références à Shakespeare et à ses pièces sont faites. Le roman n'est pas découpé en chapitre, mais en "acte" et en "scène". Et nous avons droit à beaucoup d'extraits de Macbeth, César, Hamlet & co. Les personnages communiquent même souvent entre eux à coups de répliques. Personnellement, j'ai très peu lu Shakespeare (ou de théâtre en règle générale), mais ça ne m'a pas empêché de trouver le roman original et prenant, avec ces personnages vivant corps et âmes pour leur passion. Malgré quelques bémols, c'est une lecture qui me marquera sans doute quelque temps, avec des histoires de cœur et d'amitié, de rivalité et de jalousie. Le côté enquête policière reste très léger, mais là encore ça m'a plu, car je n'avais pas deviné le fin mot de cette partie de l'histoire.

"La mort de Richard ressemblait moins à un dénouement qu'à une péripétie de deuxième acte ; un événement décisif qui faisait basculer le reste de l'histoire. Comme l'avait dit Wren, le spectacle n'était pas terminé. C'était la fin inconnue qui me terrifiait." 

(j'ai volontairement masqué les prénoms des personnages de cette citation pour ne pas divulguer trop d'infos, attention à ne pas la surligner si vous ne voulez pas vous faire spoiler)