L'idée est de me préparer une PAL de cinq ou six livres pour le mois et de revenir vous en parler dans ce même article dès la lecture terminée. Bien sûr, il y a aura d'autres lectures au fil du mois qui auront des chroniques à part entière (SP ou non). Une manière de me challenger gentiment, en mettant des livres récents oui, mais aussi des livres qui dorment depuis plus longtemps dans ma PAL.
Pour ce mois-ci, je mets en ligne un peu tard, alors j'ai déjà lu certains livres, comme vous pouvez le voir ;)
Et viva la vida ! de Sophie Jomain
Éditions Charleston, 2024 - 294 pages - 19 €
Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez.
Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ grossophobie - évocation de troubles alimentaires - tentative de suicide
Porter une jupe, une robe courte ou un short
Aller à la piscine sans paréo
Manger gras ou trop sucré en public
Chanter devant des gens
Faire un bébé…
La liste des choses que s’interdit Marnie est longue. Car Marnie ne s’aime pas. Et puisque les séances de psy ne sont pas franchement concluantes… il est grand temps de se bousculer !
Poussée par son entourage, elle accepte une proposition folle : suivre Fran, une femme rayonnante et sans complexes qu’elle connaît à peine, dans un road trip libérateur. Du Mont-Saint-Michel aux frontières de la Belgique, Marnie aura une semaine pour réaliser tout ce qu’elle n’a jamais osé faire, et devenir la femme qu’elle a toujours rêvé d’être !
Après avoir tant aimé Le Dernier Sommeil de l'Ourse (sorti en poche sous le titre Sous le ciel d'Eagle Bay), je ne pouvais pas passer à côté de la nouvelle parution de l'autrice. Surtout que j'adore les road trip !
Marnie, trente-cinq ans, en obésité modérée, vit une belle histoire d'amour avec Eliott. Mais la jeune femme se met beaucoup de barrières à cause de son poids. Quand elle fait la rencontre de la belle et solaire Fran, en obésité massive, c'est le début d'une belle amitié... et la décision de faire un road trip ensemble.
Essayer de lâcher prise, profiter des occasions qui se présentent, se faire des confidences et réaliser quelques défis. Avancer pas à pas, en se serrant les coudes. Fran cache ses failles mieux que Marnie, mais les deux finissent par beaucoup se dévoiler et ça en fait un récit très touchant. J'ai ri, j'ai été émue... et j'ai eu envie de baffer certain•e•s qui osent se permettre des réflexions pour rabaisser nos deux copines.
Le road trip ne fait pas l'entièreté du récit, mais ce sont des moments essentiels dans l'évolution des personnages. Mettant l'acceptation de soi en avant. Avec les bons jours et les mauvais. J'ai aimé ça, que les problèmes liés au fait d'être en surpoids ne sont pas édulcorés juste pour nous faire passer un bon moment de lecture. Et aussi, que le régime n'est pas proposé comme la solution miracle.
"Il ne s'agit pas de s'aimer ou de se détester, il s'agit de faire avec et de profiter de chaque instant. On doit vivre, Marnie, pleinement. Si tu dois te souvenir d'un seul élément de nos conversations, retiens bien ça : les regrets arrivent plus vite qu'on le croit."
Le seul bémol que j'ai à relever, c'est que la New Beetle décapotable de Fran est décrite comme jaune dans le livre et qu'elle est bleue sur la couverture... Je crois qu'on peut facilement passer au-dessus de ça pour découvrir cette lecture parfaite aussi bien pour le printemps que pour l'été !
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Vous parler de ça de Laurie Halse Anderson
Éditions La Belle Colère, 2014 - 301 pages - 19 €
VO : Speak (1999) - Traduit par Marie Chabin
Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez.
Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ viol - agression sexuelle - harcèlement scolaire
Melinda Sordino ne trouve plus les mots. Ou plus exactement, ils s'étranglent avant d'atteindre ses lèvres. Sa gorge se visse dans l'étau d'un secret et il ne lui reste que ces pages pour vous parler de ça. Se coupant du monde, elle se voit repoussée progressivement par les autres élèves, les professeurs, ses amis, et même ses parents. Elle fait l'expérience intime de la plus grande des injustices : devenir une paria parce que ceux dont elle aurait tant besoin pensent que le mal-être, c'est trop compliqué, contagieux, pas fun. Melinda va livrer une longue et courageuse bataille, contre la peur, contre le rejet, contre elle-même et le monstre qui rôde dans les couloirs du lycée.
La première publication du roman remonte à 1999... Vingt-cinq ans plus tard, il ne semble pas avoir pris une ride ! Je connaissais déjà l'histoire pour avoir lu l'adaptation (très bonne) qu'en a fait Emily Carroll en BD (Rue de Sèvres, 2019) sous le titre
Speak. Et le roman a également été adapté en film (que je n'ai toujours pas eu l'occasion de voir), réalisé par Jessica Sharzer en 2004, avec Kristen Stewart dans le rôle principal.
Melinda entre au lycée. Au fil de son année de seconde, nous apprenons à connaître cette adolescente solitaire. Ses anciennes amies gardent leur distance et elle-même semble se protéger en rasant les murs. Arts plastiques, biologie, espagnol, etc. Les cours défilent, les mois passent, et Melinda sombre de plus en plus et parle de moins en moins. C'est en assemblant les pièces du puzzle que son histoire nous est dévoilée, que nous découvrons ce qui a bouleversé sa vie. Sa détresse silencieuse m'a une fois de plus laissé le cœur en miettes... Une adolescente qu'on a envie de soutenir, de pousser à parler pour qu'elle trouve de l'aide, qu'elle accepte de se confier. Une furieuse envie, aussi, de bousculer certain•e•s de ses proches (parents, camarades et profs) pour qu'iels ouvrent les yeux sur son état et lui prêtent une oreille attentive.
"Je sais que j'ai l'esprit en vrac. Je veux partir, déménager, me téléporter dans une autre galaxie. Je veux tout raconter, rejeter la culpabilité, la faute et la colère sur quelqu'un d'autre."
Après
Je suis une fille de l'hiver (La Belle Colère, 2016) et
Ma mémoire est un couteau (La Belle Colère, 2017),
Vous parler de ça confirme une nouvelle fois que j'aime ce que propose l'autrice, ses personnages et la manière dont elle aborde des sujets compliqués. J'espère que d'autres de ses romans YA seront traduits.
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Eleanor & Grey de Brittainy C. Cherry
Éditions Hugo & Cie (New romance), 2020 - 442 pages - 17 €
VO : Eleanor & Grey (2019) - Traduit par Marie-Christine Tricottet
Avertissement (Trigger Warning) :
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Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ maladie (cancer) & handicap - fin de vie - accident de voiture mortel - deuil - harcèlement scolaire - dépression
Greyson East m'a marquée à jamais.
Lorsque, jeune fille, je suis tombée amoureuse de lui pour la première fois, je ne connaissais pas grand-chose à la vie. Mais je connaissais tout de ses sourires et de ses rires, et de la sensation étrange que j'éprouvais chaque fois qu'il était à proximité.
La vie était parfaite... jusqu'à ce qu'elle ne le soit plus. Et lorsque nous avons été contraints de partir chacun de notre côté, j'ai dû quitter mon premier amour en formulant le souhait de le retrouver un jour.
Seize ans plus tard, comment deviner en acceptant ce poste de nounou que ce serait ses enfants dont je devrais m'occuper ? Que mon nouveau patron serait le garçon que j'avais connu par le passé et qui était devenu un homme froid, solitaire, détaché de tout.
Pourtant, dans son regard tourmenté, il m'arrivait d'entrevoir celui qui autrefois souriait, riait et avait ravi mon cœur de jeune fille. Et il ne faisait aucun doute pour moi que ce garçon-là valait la peine qu'on se batte pour le retrouver.
Tout ce que j'espérais, c'était laisser à mon tour une marque sur son âme.
Il y a quelques années, j'ai découvert l'autrice avec The air he breathes, premier tome d'une saga que je n'ai jamais continué malgré ses points positifs... Il faut dire que je lis peu de romance. Alors pourquoi Eleanor & Grey ? Parce que Ewylyn, avec sa chronique, m'a convaincu qu'il fallait que je lui laisse sa chance. Que ce ne serait pas le genre de romance qui me ferait grincer des dents et lever les yeux au ciel.
La première partie du livre est consacrée à leur adolescence. Ellie et Grey se rapprochent au moment où Ellie a plus que jamais besoin de soutien pour surmonter des moments durs. J'en ai déjà lu des livres tristes, mais c'est une des premières fois où j'ai eu besoin de souffler avant de me plonger dans les passages les plus difficiles, chargés émotionnellement. Et les larmes ont coulé... À côté de cela, j'ai adoré la relation d'Ellie avec ses parents et les échanges bienveillants entre elle et Grey. Si la lecture est triste, elle est également douce.
"Peut-être que tout ce dont les gens ont besoin parfois, c'est de quelqu'un qui soit toujours présent pour eux dans les jours difficiles, même lorsqu'ils font tout pour repousser tout le monde."
La seconde partie du livre nous fait faire un bond d'une quinzaine d'années en avant. Et là encore, les émotions sont nombreuses. Eleanor est embauchée en tant que nounou dans la famille de Greyson. S'occuper d'une charmante petite pipelette et d'une ado rebelle ne sera pas de tout repos. Tout comme faire parler Grey ne sera pas aisé...
Finalement, je retiendrai bien plus leur amitié, le soutien qu'iels s'apportent, que la romance en tant que telle. Nous sommes sur du New Adult, donc le récit comporte une ou deux scènes spicy, mais je m'en serais amplement passée. Elles n'apportent pas grand chose au récit. Cela dit, je ne ressors pas déçue de cette lecture. Loin de là. J'ai apprécié l'alternance des points de vue et cette histoire en deux temps. J'ai pleuré et j'ai eu le sourire - même un fou rire, grâce à Lorelai. Et puis, impossible de résister avec des références à Harry Potter et à Gilmore Girls !
Bon à savoir : Une duologie est sortie sur Landon & Shay, deux personnages secondaires de ce roman.
------------------ MISE A JOUR DU 12 mars ------------------
Les petites filles modèles de la Comtesse de Ségur, illustré par Sophie de La Villefromoit
Éditions Seuil Jeunesse, 2014 - 189 pages - 23 €
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Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ maltraitance & violence - propos raciste (n-word)
Madame de Fleurville était la mère de deux petites filles, bonnes, gentilles, aimables, et qui avaient l'une pour l'autre le plus tendre attachement. On voit souvent des frères et soeurs se quereller, mais jamais on n'entendait une discussion entre Camille et Madeleine. Tantôt l'une, tantôt l'autre cédait au désir exprimait par sa soeur.
À la différence de la colérique Sophie (Les Malheurs de Sophie, premier tome de la trilogie), Camille et Madeleine sont présentées comme "bonnes, gentilles, aimables", faisant la fierté de leur maman, Mme De Fleurville. Les petites filles modèles les met en avant durant vingt-quatre chapitres - de leurs nouvelles amitiés avec la jeune Marguerite et sa maman qui viennent habiter chez elles, à leurs aventures d'enfants, en passant par les visites de Sophie (qui ne s'est pas beaucoup assagie). La pauvre Sophie dont les parents sont décédés et qui subit désormais la violence de sa belle-mère, Mme Fichini (qui fait vraiment flipper !). Certains passages semblent bien cruels ! Heureusement, Mme De Fleurville a aussi bon cœur que ses filles et n'est pas décidée à fermer les yeux sur la situation délicate de la petite fille.
Bon à savoir : L'éditeur prévient que cette "édition présente vingt-quatre des vingt-huit chapitres qui composent initialement Les Petites Filles modèles." Il est dommage d'avoir fait l'impasse sur quatre chapitres, tant ces éditions illustrées par Sophie de La Villefromoit sont belles... D'ailleurs, à quand la sortie du troisième tome de la trilogie, Les Vacances, dans ce beau format d'album illustré ? J'espère vraiment que cela se fera un jour.
------------------ MISE A JOUR DU 18 mars ------------------
Rilla, ma Rilla de Lucy Maud Montgomery
Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2023 - 384 pages - 17,50 €
VO : Rilla of Ingleside (1921) - Traduit par Patricia Barbe-Girault
Avertissement (Trigger Warning) :
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Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ guerre - mort - deuil
Risque de spoiler si vous n'avez pas lu les tomes précédents.
Pour Rilla, dernière-née d’Anne Shirley et Gilbert Blythe, pas question d’études comme ses frères et sœurs, la vie ne devrait être qu’un délicieux tourbillon de robes et de premiers baisers. Malheureusement pour ses aspirations, la Grande Guerre va jeter un voile sombre sur Glen St. Mary : départ des fils et des frères, nouvelles angoissantes, amours empêchées… Rilla devra faire face à des responsabilités aussi désagréables que nécessaires. Avec Rilla, ma Rilla, Lucy Maud Montgomery clôt de la plus belle des façons une série merveilleuse : en tissant un roman comme un sortilège pour conjurer la noirceur du monde.
Le roman est sorti en 1921, et l'histoire se déroule sur une période historique très proche, la guerre 14-18. C'est un tome assez différent des précédents et surtout des premiers (avec Anne enfant), mais Rilla s'est révélée être une jeune fille attachante. Adolescente de quinze ans lorsque l'Allemagne déclare la guerre à la France et jeune femme lorsque nous la quittons à la fin du roman, qui signe aussi la fin de la saga.
Si la plupart du temps, nous sommes à la troisième personne du singulier, nous passons à la première lorsque nous sont proposés des extraits de son journal intime. Une manière d'encore mieux comprendre dans quel état d'esprit est la plus jeune des Blythe durant cette période sombre pour le monde. Elle qui ne rêvait que de splendeur et de divertissement pour ses jeunes années, doit composer avec l'appréhension, la peur, les doutes... Les nouvelles de la guerre parviennent à travers les lettres de ses frères et les journaux - que Susan commente fiévreusement.
"Pour moi, la plus bizarre de toutes les bizarreries, depuis 1914, c'est notre capacité à accepter des choses qu'on n'aurait jamais cru pouvoir accepter - à continuer à vivre normalement."
Si l'autrice nous propose bien moins de merveilleuses et poétiques descriptions de paysages (comme elle en a le secret), sa plume est toujours aussi entraînante et belle (grâce au travail de traduction qui n'est sûrement pas à négliger aussi). En bref, huit tomes qui furent un réel plaisir à lire. Une saga coup de cœur ♡
Pour retrouver une dernière fois cet univers, il me reste à lire le recueil de douze histoires ; Les chroniques d'Avonlea (Monsieur Toussaint Louverture, 2023), du temps de la jeunesse d'Anne.