Les lectures de Marinette: Gloria

"Une lueur rase les sommets au loin. Quelques phares croisés les éblouissent.
- Ca m'étonnerait beaucoup que t'es ma mère, déclare Jamie.
- Pourquoi ?
- Une mère a pas le temps de se balader. Elle travaille.
- Qu'est-ce que t'en sais ? T'en connais beaucoup, des mères ?
- Tu vois, ça, une mère le dirait pas.
- Moi aussi je travaille. Là, je suis en vacances.
- Et tu fais quoi comme travail ?
- Actrice."

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Gloria de Martine Pouchain

Éditions Sarbacane (Exprim'), 2017 - 267 pages - 15,50€

✖ : L'épilogue m'a plu, mais il n'est pas très réaliste.

✔ : La plume de l'auteure, qui nous plonge parfaitement dans le ressenti de Gloria.
La personnalité de Gloria, femme-enfant, forte et fragile. Rêveuse et déterminée.
Les trois parties nous montrent différents stades de la vie de Gloria.
Un road trip plein d'émotions et de fragilité.

Merci aux éditions Sarbacane pour cet envoi. Lire un Exprim' est toujours synonyme d'émotions fortes. Forcément, cela varie en fonction des sujets abordés, de nos propres vies, de ce qui nous touche le plus en fonction de ce que nous avons traversé. Là, la vie de Gloria est très éloignée de la mienne. Dans ces cas-là, il faut que l'auteure arrive à transmettre les émotions ressentis par son personnage, pour faire comprendre ce qu'il traverse. Et, c'est bien ce dont Martine Pouchain est capable. Pourtant, je n'ai pas toujours accroché à son style, la preuve en est avec Zelda la rouge. Mais, après Dylan Dubois et, désormais, Gloria, j'attends le prochain avec impatience pour retrouver ses mots !

"Dans ses pires moments de découragement, Gloria se dit qu'elle n'est peut-être pas faite pour la vie d'artiste, que c'est seulement une idée qu'on lui a mise dans la tête - que Fitz lui a mise dans la tête, et elle a sauté dedans, par amour. C'est dingue ce dont on est capable quand on veut être aimé. Elle d'ailleurs a l'impression qu'elle ne fait que ça depuis qu'elle est née ; essayer de se faire aimer."

Dénigrée par sa mère, qui lui préfère le souvenir de son frère décédé. Encouragée par son prof de théâtre qui lui prédit une belle carrière et qui est prêt à lui donner des cours particuliers. Un ultimatum lancé, un rêve à réaliser, Gloria passe la nuit chez son prof et tombe enceinte. Sept ans plus tard, perdue et ne réussissant pas à percer, elle ressent le besoin irrépressible de rencontrer celui qu'elle a abandonné pour sa carrière. Son fils, Jamie, qui ne sait pas qui elle est.

"On ne rattrape pas le temps perdu, pense Gloria. En revanche, on peut décider de ne plus en gaspiller une miette, jamais. Chaque minute volée à l'adversité devient alors un trésor fragile."

Le personnage de Gloria est une des plus grandes forces du roman. Gloria est douce et rêveuse, tout en sachant être méthodique et pleine de ressources lorsqu'elle a un objectif en tête. Le terme de femme-enfant est plus que jamais parfait pour la qualifier. Elle a une fragilité, une tristesse et un besoin d'exister qui transparaissent dans chacun de ses gestes et mots. Quant à Jamie, il m'a épaté par son répondant. Il se voit embarquer dans un périple qui chamboule ses certitudes. Sans se rendre vraiment compte des conséquences, maladroitement, la jeune femme s'efforce de se faire une place dans la vie de son fils, qu'elle emmène sur la route. Un road trip pour se découvrir, le besoin de savoir qui il est.

Le chapitre 14 de la troisième partie m'a donné des frissons. Cela apporte un changement, que je tairai, que je trouve parfait. Pile au bon moment. Seul bémol, j'ai beau avoir aimé l'épilogue, le réalisme n'était pas tellement de la partie. Ça ne m'empêchera pas d'espérer de tout cœur qu'une suite voit le jour. Oui, cette histoire se suffit à elle-même, mais vous ne m’enlèverez pas de la tête qu'une suite est possible au vu de la toute dernière phrase. L'espoir fait vivre, non ?

J'aurai aimé voir un camping-car, sur la première de couverture, qui est, au demeurant, très jolie...

En quelques mots...