La Terre qui penche

Blanche, la môme chardon, est-elle morte en 1361 à l’âge de douze ans comme l’affirme son fantôme? Cette vieille âme qu’elle est devenue et la petite fille qu’elle a été partagent la même tombe. L’enfant se raconte au présent et la vieillesse écoute, s’émerveille, se souvient, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend. Veut-on l’offrir au diable pour que le mal noir qui a emporté la moitié du monde ne revienne jamais? 

Un voyage dans le temps sur les berges d’une rivière magnifique et sauvage, la Loue, par l’auteur du Domaine des Murmures et du Cœur cousu.

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La Terre qui penche de Carole Martinez

Éditions Folio, 2017 - 432 pages - 8,20€

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✔ : La double narration.
La plume de l'auteure. Poétique, dure, onirique.
L'écriture est à l'image du personnage principal.
Se laisser envoûter par l'histoire de Blanche.

Merci à Livraddict et aux éditions Folio pour cet envoi. Le Cœur cousu me tente depuis des années et Du domaine des Murmures me fait de l’œil depuis l'avis de Lup Appassionata, c'est finalement avec La Terre qui penche que je découvre Carole Martinez ! En même temps, comment ne pas craquer pour ces titres et les belles couvertures !

"À tes côtés, je m'émerveille 

Blottie dans mon ombre, tu partages ma couche. 

Tu dors, ô mon enfance, 

Et, pour l'éternité, dans la tombe, je veille."

Les premières pages m'ont un peu déstabilisé. J'ai eu peur de ne pas complètement saisir la portée des mots de l'auteure, de passer à côté de l'histoire. Finalement, j'ai aimé me laisser envoûter et n'ai pas vu passer ces quatre cents pages. L'écriture est poétique, faite également de doubles sens et de sous-entendu. En définitive, c'est cela qui fait le charme de la plume de l'auteure et de l'histoire de Blanche. La plume de Carole Martinez est unique, elle mêle passé et présent. Il y a une telle douceur et une telle poésie que les scènes difficiles et les mots parfois crus ne sont que plus marquants, sans pour autant détonner. J'aime beaucoup cette délicatesse qui n'empêche absolument pas les mots durs. C'est aussi ce qui caractérise la jeune Blanche. Aussi bien naïve et frêle qu'observatrice, têtue et combative. 

Tout comme Blanche, nous sommes à l'écoute de cette belle histoire toute décousue. Belle, elle ne l'est pas toujours, mais le devient parfois, au grès des souvenirs de la petite fille. Encore enfant, elle perçoit le monde adulte et ce que devrait être sa vie dans quelques années à peine. Sa vie qui, la vieille âme en est persuadée, s'est achevée bien trop tôt. Reste à savoir dans quelle circonstance. La vieille âme compte sur la petite fille pour se remémorer leur enfance. Tandis que la petite fille est à l'affût du moindre détail, donné par quiconque, sur sa défunte mère et le passé de son père, qu'elle n'a pas connu aimant. Lui qui l'a laissé au domaine des Murmures, la laissant croire qu'il l'a donné au diable. Elle va y vivre des moments forts, qui vont la faire grandir. Elle, qui peut désormais apprendre à lire et à écrire. Sa condition de fille, de future femme, est complètement différente, loin de son père. Elle goûte à la liberté. Mais, la Loue guette.

"Les secrets de famille sont des fantômes, on les enterre, mais ils nous hantent. Si je doutais de mon existence, je dirais même que ce sont les seuls vrais fantômes. Mais peut-être ne suis-je qu'une simple histoire de famille qui se cherche désespérément un sens..."

Ceux qui ont lu Du domaine des Murmures seront ravie de retrouver le même décor. Moi qui ne l'ai pas encore lu, j'ai désormais encore plus hâte. Pour connaître l'histoire d'Esclarmonde, évoquée rapidement dans La Terre qui penche.

En quelques mots...

XIVe siècle | Enfance | Fantôme | Envoûtement | Récit | Souvenir