Différentes saisons

On ne lit pas un roman de Stephen King, on le dévore. Avec Différentes saisons, notre plaisir est quadruplé, car King nous offre cette fois quatre histoires qui sont en fait des romans à part entière.

Un innocent condamné à perpétuité cherche à s'évader ; un jeune garçon démasque un ancien nazi dans une petite ville de Californie ; des gamins partent à la recherche d'un cadavre ; un médecin raconte l'histoire d'une jeune femme célibataire et enceinte dans les années 30... Rien de commun, en apparence, entre ces quatre thèmes. Mais derrière ces héros d'âges et de milieux très différents, c'est la société américaine que dissèque Stephen King, avec le souci du détail et du mot juste, le sens de l'observation, du suspense et de l'humour noir qui le caractérisent. L'Amérique ne sort pas indemne de cette vivisection. Nous non plus...

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Différentes saisons de Stephen King

Titre original : Different Seasons - Traduit par Pierre Alien
Editions J'ai Lu, 1996 - 635 pages

✗: Les deux dernières histoires sont moins marquantes et abouties que les deux premières.

✓: Une préférence pour Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank & Un élève doué.
Des histoires de prison, de criminel de guerre, de bande d'amis et de surnaturel.
Les références que Stephen King fait à d'autres de ses œuvres.

Ni des romans, ni totalement des nouvelles, Différentes saisons est un recueil de quatre histoires (de 80 à 230 pages).

Espoir, éternel printemps Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank - Je ne sais pas si le fait d'avoir vu et aimé l'adaptation (Les Évadés, avec Tim Robbins et Morgan Freeman) avant a eu une quelconque influence mais, dès les premières pages, j'ai apprécié cette histoire. Red en est le narrateur. En plus de sa vie, son expérience au sein de la prison, lui qui est connu comme celui qui peut tout vous avoir, nous raconte les années où il a côtoyé Andy Dufresne.

Andy, condamné à perpétuité pour les meurtres de sa femme et de l'amant de celle-ci, est enfermé à Shawshank. Son comportement, considéré comme hautain, ne va pas forcément l'aider à s'y faire bien voir par ses codétenus. Mais, bien vite, il trouve le moyen d'être dans les petits papiers des gardiens, de donner de judicieux conseils. C'est toute cette évolution qui nous est contée. Et, bien sûr, d'autres choses également, que je tairai pour ne pas trop vous en dévoiler.

"L'expérience humaine connaît trois degrés principaux, à mon avis. Le bon, le mauvais et l'horrible. Plus on descend dans les ténèbres de l'horreur, plus on a du mal à faire des nuances."

Finalement, si la nouvelle est bonne, avec un témoignage qui se lit très bien, le film l'est d'autant plus. Il permet de s'arrêter plus en détails sur certains "combats" d'Andy, de mieux connaître certains prisonniers aussi. De quoi étoffer l'histoire sans la dénaturer. Bref, je vous conseille aussi bien ce court roman/cette longue nouvelle que son adaptation.

Été de corruption Un élève doué - Un penchant malsain pour les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et le souhait de devenir détective privé, quand il sera grand, met le jeune Todd face à un nazi ayant échappé à toute condamnation. Dussander a beau être un criminel de guerre, le comportement de Todd est aussi dérangeant. Mois après mois, l'homme se voit contraint de livrer ses souvenirs. Un rapport de force qui évolue sans cesse s'installe entre eux.

"Le gosse et lui, se dit-il, devaient être répugnants, à se nourrir l'un l'autre... se dévorer l'un l'autre."

Une lecture très dérangeante, des passages qui mettent mal à l'aise, comme le King sait si bien le faire. Cette histoire a aussi eu droit à son adaptation, avec Ian McKellen (Gandalf !) au casting, mais je ne l'ai pas encore vu. Et, il y a un petit clin d’œil sympathique à l'histoire précédente ; Rita Hayworth et la rédemption de Shawshank.

L'automne de l’innocence Le Corps - Dans cette histoire, nous suivons une bande de pré-adolescents qui traînent ensemble, par amitié bien sûr, mais également pour éviter leurs parents. Une bande d'amis qui n'est pas sans rappeler le Club des Ratés de Ça. Lorsque l'un d'eux entend son frère parler du cadavre d'un jeune de leur âge, ils décident de partir en expédition pour aller voir cela de leurs propres yeux. Gordie en est le narrateur, des années après.

"On reconnaît toujours la vérité : quand on se coupe avec, ou qu'on blesse quelqu'un d'autre, le résultat est sanglant."

De nombreuses références, notamment grâce aux personnages cités, sont faites à d'autres œuvres de l'auteur. C'est un point que j'apprécie toujours. Cette histoire a également été adaptée en film, que je n'ai pas encore eu l'occasion de voir ; Stand by Me, avec Wil Wheaton. Bref, si j'ai apprécié cette histoire, je trouve qu'elle n'apporte cependant rien de neuf dans l'univers de Stephen King. Elle surfe sur des choses, qui fonctionnent, déjà explorer par lui dans d'autres romans.

Un conte d'hiver La Méthode respiratoire - Invité à rejoindre un club, David y passe régulièrement durant dix ans. Une des traditions est que, le jeudi avant Noël, une histoire surnaturelle est contée. Cette année, c'est Emlyn McCarron qui s'y colle et raconte sa rencontre avec une jeune femme enceinte à qui il a appris la méthode respiratoire.

"Un sale temps, un feu ronflant... et une histoire de revenants."

Une histoire courte, mais des longueurs au début. Elle n'en reste pas moins intéressante, avec de l'étrange et une touche de surnaturel. Probablement pas celle qui me restera le plus longtemps en mémoire. Dommage de terminer sur une lecture moins marquante que les deux premières qui, pour le coup, sont bien plus consistantes et abouties, selon moi.