Audrey est dans le coma. Retrouver sa mère suffira-t-il à la ramener à la vie ?
Officiellement, la villa des Prunelliers est un foyer d’accueil d’urgence pour mineurs ; en réalité, c’est là où on envoie les enfants placés dont le système ne veut plus, et où les éducateurs en sous-nombre finissent tous par craquer. Quand Till, l’un d’eux, finit par lever la main sur Audrey, quatorze ans, celle-ci fugue et se fait percuter par un chauffard. Rongé par la culpabilité, Till va la voir tous les jours à l’hôpital, délaissant le reste du monde. Mais lorsqu’il apprend que la mère disparue d’Audrey est peut-être encore en vie, il n’a plus qu’une idée en tête : la retrouver et la ramener à sa fille. Et tant pis s’il y laisse sa carrière, sa raison ou sa vie.
Titre : Gracier la bête - Autrice : Gabrielle Massat
Éditeur : J.C. Lattès | Le Masque - Date de sortie : janvier 2025
Lu en ebook - Prix : 14,99 €
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Avertissement (Trigger Warning) :
Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez. Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.
⇾ arme à feu et blanche - cadavre - coma - drogue - incendie - maltraitance - mort - prostitution - séquestration - viol - violence conjugale
Un résumé accrocheur.
Alors même que je ne connaissais pas l'autrice et que la couverture, très sobre, n'attire pas spécialement l'œil, le résumé a fait son job à merveille ; me donner (très) envie d'en savoir plus sur l'histoire de Till et Audrey.
Foyer d'urgence en pleine forêt de Grésigne.
Le personnage principal ? Till, éducateur dans un foyer d'urgence. Un adulte censé protéger les enfants dont il a la responsabilité et qui, pourtant, a maltraité une jeune fille. La jeune fille ? Audrey, quatorze ans, persuadée que sa mère est vivante alors que tout le monde affirme le contraire. L'altercation avec Till la pousse à prendre la fuite et un accident la précipite dans le coma. Durant sa suspension, conscient de sa responsabilité, de sa faute, Till va essayer de "réparer" les choses comme il peut. Suivant de maigres indices, il va enquêter et tout faire pour découvrir ce qui est arrivé à la mère d'Audrey. À côté de ça, il va aussi devoir se confronter à lui-même, à la colère qui l'a mené là.
Gracier la bête - un polar social réussi.
C'est particulier de se retrouver à suivre l'histoire du point de vue de cet éducateur en faute. La manière dont l'autrice parle du sujet a cela de fort que tout en n'excusant jamais le geste de Till, nous comprenons comment il en est arrivé à ce point de rupture. L'histoire d'Audrey, Till & co nous montre la violence autant que l'impuissance, mais met aussi en avant le dévouement et la hargne qu'il faut avoir pour être à la hauteur face à ce que la vie peut faire de pire, parfois. L'accueil d'urgence des mineurs était le pire des angles morts de la société : celui qu'on refusait sciemment de voir. Ce côté social, plein d'humanité (avec ses qualités et ses défauts), est très immersif et super intéressant. Cela donne d'ailleurs un sens fort au titre du livre. L'autrice précise tout de même, à la fin du roman, qu'elle a dû adoucir les choses pour parler de ce qui touche à la protection de l'enfance : On m'aurait dit que j'exagérais. Mais les lecteurs de polar le savent : la réalité dépasse toujours la fiction. Un sujet fort donc, qui se mêle au polar, avec cette enquête menée par Till - épaulé par un flic dont l'histoire sert aussi le côté social du roman d'ailleurs. Ladite enquête va remuer une histoire dangereuse autant que le passé de Till...
Concernant l'écriture de l'autrice, une chose m'a particulièrement marqué : les descriptions qu'elle fait des personnages lorsqu'ils font leur première apparition dans l'histoire. En quelques mots bien choisis, Gabrielle Massat nous permet de très bien imaginer la personne. Ce n'est pas le cas avec tous les romans. J'ai aimé ses personnages, aussi - justement, parce qu'ils ne sont pas irréprochables. Mention spéciale à Anya, amie qui héberge Till et qui le soutient tout en le houspillant quand il le faut.
En bref.
C'est un roman prenant, bien écrit et intéressant d'un bout à l'autre. Et la fin a été à l'image des idées défendues tout au long du roman. Il est certain que je relirai l'autrice et pourquoi pas le faire avec Le Goût du rouge à lèvres de ma mère (Le Masque, 2020) - Cyrus en est le personnage principal et nous le croisons dans Gracier la bête en tant que personnage secondaire.
"[...] je voulais croire que je pouvais grandir, que des jours lumineux m'attendaient quelque part, pour peu que j'accepte ceux que je venais de laisser derrière moi."
Tout à fait le genre de lecture que j'aime ! Je note !
RépondreSupprimerL'angle d'approche de ce polar social semble plein de pertinence en plus de permettre aux lecteurs de saisir au plus près ce que signifie de travailler dans l'accueil d'urgence des mineurs.
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