La servante écarlate

22 janv. 2020



Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.


• • • • •
La servante écarlate de Margaret Atwood
Titre original : The Handmaid's Tale - Traduit par Sylvianne Rué
Éditions Robert Laffont (Pavillons Poche), 2019 - 560 pages - 11,50€
Fait partie de la saga La servante écarlate



: À éviter pour celles et ceux qui n'aiment pas les fins ouvertes.

 : La force de ce roman, sorti en 1985.
Le discours de l'autrice, en préface. Ainsi que ses mots dans la postface.
Un récit à la fois alarmant et glaçant. Et, inspirant, pour la résistance présente.
La manière qu'a la narratrice de raconter son quotidien.


Ma première découverte de l'autrice ne fut pas une réussite (C'est le cœur qui lâche en dernier ne m'a fait ressentir que peu d'émotions). Résultat, j'ai beaucoup hésité à lire son classique ; La servante écarlate. L'adaptation en série, avec Elisabeth Moss, me plaît beaucoup pour ce qu'elle dénonce, la complexité des personnages, la résistance, etc. Et, j'avais peur de ne pas retrouver la même intensité dans le roman... Finalement, si l'impertinence et l'esprit de révolte du personnage me paraissent plus francs dans la série, la subtilité amenée dans le roman n'est pas mal non plus. La narratrice observe et raconte son quotidien, l'évolution de la société en théocratie, les souvenirs de sa famille. Elle avance dans l'appréhension de ne pas savoir à qui elle peut se fier. Accepter ce qui lui est demandé en tant que Servante, pour survivre et garder un maigre espoir... Ou se rebeller et souffrir. Espérer retrouver les siens, malgré tout.
"Il vous faudra me pardonner. Je suis une réfugiée du passé, et comme les autres réfugiés, je passe en revue les coutumes et les façons d'être que j'ai quittées ou que j'ai été forcée de laisser derrière moi, et tout semble tout aussi bizarre, vu d'ici, et j'en reste tout autant obsédée. Comme un Russe blanc qui boit du thé à Paris, égaré dans le XXe siècle, je vagabonde vers le passé, je tente de regagner ces sentiers lointains. Je deviens trop sentimentale, je me perds. Je larmoie. Larmoyer, c'est cela, et non pas pleurer. Je reste dans mon fauteuil et dégouline comme une éponge." - la narratrice
Les termes qui classent désormais les gens, nous sont expliqués avec fluidité au fil du récit et des personnages croisés par la narratrice. Celle-ci est une Servante, placée chez le Commandant et son Épouse. Des Marthas et un Gardien travaillant pour eux. Comme dans la série télévisée, Tante Lydia est un des personnages qui me fait le plus flipper !

Je me suis installée, pensant lire quelques lignes, voir si le style allait me plaire ou non. Une centaine de pages y est passée sans que je ne m'en sois rendu compte. Le livre commence avec, en guise de préface, un discours de Margaret Atwood lors de la réception d'un prix en 2017. Un discours à la fois alarmant et inspirant. Hier encore, nous étions remplis d'une telle bienveillance et d'une telle espérance... Mais aujourd'hui ? Alarmant pour tout ce que cela montre de notre époque, qui ne semble plus si éloignée de celle décrite dans le roman. Pour la condition féminine et la liberté, qui sont, sans cesse, remis en question. Inspirant car l'espoir et la lutte sont là. Parfois ténus, mais présents. 
"Je m'étais fixé une règle : je n'inclurais rien que l'humanité n'ait pas déjà fait ailleurs ou à une autre époque, ou pour lequel la technologie n'existerait pas déjà. Je ne voulais pas me voir accusée de sombres inventions tordues, ou d'exagérer l'aptitude humaine à se comporter de façon déplorable." - Margaret Atwood
Je n'ai pas réussi à m'éloigner de la représentation des personnages de l'adaptation en série télévisée (bien que les descriptions ne correspondent pas toujours à cent pour cent du livre à la série), mais ça ne m'a finalement pas dérangé. 

L'année dernière, l'autrice a sorti une suite, se déroulant quinze ans après ; Les testaments.


En quelques mots...
République de Gilead | Taux de natalité | Femmes | Cérémonie | Politique | Religion

Commentaires

  1. Je suis en train de lire Vox de Christina Dalcher, c'est un peu le même genre de roman! Et franchement c'est super flippant. J'aimerais bien lire celui-ci, pour l'instant j'ai juste regardé la première saison! Tu penses lire Les testaments ou pas ? :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Effectivement, Vox a l'air de dénoncer le même genre de chose. Il me tente. Bonne lecture !
      Oui, je pense lire la suite, quand elle sortira en poche ;)

      Supprimer
  2. Je n'ai pas encore vu la série.
    Le livre me tentait bien mais j'hésite car j'ai un peu de mal avec les fins ouvertes.
    Merci pour cette chronique !
    Bonne journée, à bientôt !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La suite, Les testaments, apportent peut-être une réponse à cette fin... En tout cas, je suis curieuse de voir ça :)

      Supprimer
  3. Je suis beaucoup plus tentée par la série que le livre j'avoue

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. La série est excellente et dénonce la même chose, tu peux foncer !

      Supprimer
  4. J'adore la série TV, j'ai d'ailleurs hâte de voir la prochaine saison !!!
    J'avais également beaucoup aimé le roman.
    Par contre, je ne sais pas si je lirai la suite... A voir

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, elle est vraiment excellente, cette série. Flippante et excellente.
      Pour la suite, ma curiosité me poussera forcément à la lire ^^

      Supprimer
  5. Je n'ai jamais osé regarder la série TV, et encore moins le livre... Ta chronique me fait changer d'avis, je vais tenter de trouver ce livre à la bibliothèque ! Merci !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le livre est peut-être plus "soft" pour commencer ;)

      Supprimer
  6. La première saison de la série m'avait vraiment scotché, notamment grâce à la performance d'Elisabeth Moss. Mais je n'ai pas encore visionné les saisons suivantes, préférant donner la priorité au roman (comme tu le sais déjà d'après la liste de mon ABC imaginaire). Ton billet me donne vraiment envie de découvrir les subtilités que tu évoques. Donc, en deux mots : j'ai hâte ! Merci :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elisabeth Moss joue tellement bien le personnage, c'est certain ♥
      Bonne future lecture !

      Supprimer
  7. Je n'ai pas vu la série, mais j'aimerais bien lire ce roman :)

    RépondreSupprimer
  8. Contente de voir que cela t'a plu. Il faut que je découvre la série moi !

    RépondreSupprimer
  9. L'histoire m'intrigue mais je ne sais pas si j'arriverais à lire ce roman. Peut-être que je tenterai la série d'abord.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. L'un ou l'autre, je t'en souhaite une bonne découverte.
      Le roman est plus soft, concernant les scènes les plus difficiles, je trouve.

      Supprimer
  10. Ce roman a été une vraie claque ! Plus coup de poing que la série...
    Hâte d'en lire la suite !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Perso, la série m'a davantage marqué. Peut-être à cause des scènes crues montrées à l'écran... Mais, je pense que les deux sont à découvrir. Et puis, curieuse aussi de lire la suite !

      Supprimer
  11. Sans que ce ne soit un coup de cœur, j'ai beaucoup apprécié ce livre !
    Comme toi, je n'ai pas vraiment réussi à m'éloigner de la représentation qu'en a fait la série, mais ça ne m'a pas dérangée non plus, au contraire même : certaines choses m'auraient peut-être parues trop "abstraites" ou difficilement compréhensibles/concevables sans la série...
    C'est, encore une fois, une dystopie absolument glaçante qui, je l'espère, donnera à réfléchir à certain(e)s ..
    (Et j'avoue avoir beaucoup aimé la fin ouverte !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai que la série apporte une dimension encore plus frappante, lorsqu'on se plonge dans le roman en l'ayant vu avant.

      Supprimer
  12. J'ai beaucoup aimé les deux premières saisons de The Handmaid's tale (la troisième m'a pas mal déçu), il faudrait que je découvre le livre. Le style apparemment particulier de l'auteur m'intrigue comme le sujet.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas encore vu la troisième...
      En tout cas, j'espère que le roman te plaira ;)

      Supprimer

Merci beaucoup pour votre passage par ici et votre commentaire ♥