Blanc autour

1832, Canterbury. Dans cette petite ville du Connecticut, l'institutrice Prudence Crandall s'occupe d'une école pour filles. Un jour, elle accueille dans sa classe une jeune noire, Sarah.

La population blanche locale voit immédiatement cette « exception » comme une menace. Même si l'esclavage n'est plus pratiqué dans la plupart des États du Nord, l'Amérique blanche reste hantée par le spectre de Nat Turner : un an plus tôt, en Virginie, cet esclave noir qui savait lire et écrire a pris la tête d'une révolte sanglante. Pour les habitants de Canterbury, instruction rime désormais avec insurrection. Ils menacent de retirer leurs filles de l'école si la jeune Sarah reste admise.

Prudence Crandall les prend au mot et l'école devient la première école pour jeunes filles noires des États-Unis, trente ans avant l'abolition de l'esclavage. Nassées au coeur d'une communauté ultra-hostile, quelques jeunes filles noires venues d'un peu partout pour étudier vont prendre conscience malgré elles du danger qu'elles incarnent et de la haine qu'elles suscitent dès lors qu'elles ont le culot de vouloir s'élever au-dessus de leur condition. La contre-attaque de la bonne société sera menée par le juge Judson, qui portera l'affaire devant les tribunaux du Connecticut. Prudence Crandall, accusée d'avoir violé la loi, sera emprisonnée...

 

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Blanc autour de 

Wilfrid Lupano (Scénario) & 

Stéphane Fert (Dessin)

Éditions Dargaud, 2021 - lu en PDF - 19,99€ pour la version papier

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✓ : Une BD graphique historique importante, réussie et instructive.

Coup de cœur pour les dessins de Stéphane Fert, que je découvre ici.

La postface de Joanie DiMartino, pour la suite du côté historique.

Merci aux Éditions Dargaud et à NetGalley pour cette lecture. Premier point qui est bon à savoir ; cette BD graphique historique est inspirée de faits réels. Nous y trouvons des personnes ayant réellement vécu les événements relatés et nous découvrons, dans la postface, ce qu'elles sont devenues par la suite. Second point qui est bon à savoir ; cette BD est une réussite. Je craquerai volontiers pour le format papier !

"Cette histoire, inspirée de faits réels, se déroule en 1832, à Canterbury, petite ville paisible du Connecticut, trente ans avant l’abolition de l’esclavage, dans cette partie nord des États-Unis où il avait déjà été aboli. 

Ici, les noirs sont « libres », mais n’ont aucun droit citoyen. Des noirs, d’ailleurs, il y en a très peu. Et la majorité blanche qui vit là pense souvent que c’est encore trop…"

Prudence Crandall, qui a un pensionnat de jeunes filles (Canterbury Female Boarding School), décide d'intégrer Sarah (Harris Fayerweather) - qui a soif de connaissance, puis d'autres jeunes filles noires, à sa classe. Ce qui ne plaît pas aux bien-pensant.e.s. blanc.he.s. Malgré les menaces, elle s'obstine et n'instruit désormais que des jeunes étudiantes noires ! Les tentatives d'intimidation pour faire fermer le pensionnat ne se font pas attendre...

Au vu des différents sujets évoqués au fil du récit, il est impossible de ne pas s'énerver et se révolter. Que ce soit contre les agissements de Nat Turner ("esclave révolté", dont quelques extraits de ses mémoires sont cités) ou contre ceux des hommes et femmes blanc.he.s qui s'insurgent d'actes barbares dont iels sont pour la plupart (à cet endroit et à cette époque) entièrement capables et coupables. Un récit historique qui parle d'éducation et d'instruction, de féminisme et de droit, de ségrégation et d'abolitionnisme. Horrible, impardonnable et parfois très dur. Certaines planches rendent triste et en colère, quand d'autres nous montrent que se battre pour défendre ses convictions, l'égalité, peut faire évoluer les choses malgré l'hostilité (le mot est faible !) ambiante.

"L’éducation, l'égalité et la justice sociale pour les Afro-Américains furent [...] des causes auxquelles plusieurs élèves de Prudence Crandall allaient, comme elle, consacrer leur vie."

Prudence Crandall aurait eu toute sa place dans les BD Culottées de Pénélope Bagieu.

Peut-être dans un troisième volume...

En quelques mots...

XIXe siècle | Canterbury | Pensionnat de jeunes filles | Étudiantes afro-américaines | Prudence Crandall