Premières lignes - 01

"Premières lignes" est un RDV initié par Ma Lecturothèque, dont le principe est de citer les premières lignes d'un livre de notre choix. Pour ma part, ce sera surtout des romans de ma PAL, mais je pense également remettre en avant, par ce biais, des livres lus plus jeune, lorsque je n'avais pas forcément encore ouvert le blog.

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≪ Cher Len, 

Si tu lis ceci, c'est que ça s'est produit. Je suppose que je devrais m'en réjouir, et toi aussi. Nous avons tous deux passé tant de temps à attendre, et je voyais bien que ça t'épuisait, même si tu faisais de ton mieux pour le cacher. 

Bon, les papiers de l'assurance vie sont dans la boîte à chaussures sur l'armoire de la chambre, sous le chapeau que j'ai porté au mariage de notre Dominic... Tu te souviens ? Celui avec la voilette, dont tu prétendais qu'il me donnait des allures de femme fatale ? Peut-être que tu as oublié. Tu avais bu trop de bière, et il a fallu quatre costauds parmi les amis de Dominic pour te traîner à l'étage. Mon gros bêta. Ce n'est pas grand-chose, mais ça devrait suffire au moins pour les obsèques. Je n'ai pas de souhait particulier à ce sujet. Tu me connais mieux que personne. Je te fais confiance. 

Le lave-linge. C'est facile, pour de vrai : tu tournes la molette dans le sens des aiguilles d'une montre jusqu'à la température que tu as choisie, mais ne t'inquiète pas pour ça. Tu n'as qu'à tout laver à quarante. La plupart du temps, ça suffit. Et tu mets la lessive liquide dans le truc en plastique dans le tambour, pas dans le compartiment à lessive. Je ne sais même pas pourquoi ils persistent à en équiper les machines. 

Il faut que tu manges. Et pas seulement des trucs micro-ondables. Tu dois tâter du légume au moins une fois par semaine, promets-le-moi. C'est toujours toi qui nous préparais le dîner du dimanche - tartine de fromage et haricots à la sauce tomate -, alors je suis sûre que tu peux garder l'âme et le corps au même endroit si tu t'en donnes la peine. Je pense qu'au début un tas de gens auront envie de te nourrir, mais il faut que tu achètes un livre de recettes. Je pense qu'il y en a un sous le lit. Susan me l'a offert l'année dernière à Noël, et je me suis dit : "Quel toupet !" 

Len, te souviens-tu du soir où nous nous sommes rencontrés ? Te rappelles-tu comment tu m'as entraînée sur la piste de danse ? Tu ne m'as pas parlé, pas posé la moindre question, espère de mauvais garçon ! Tu as juste pris ma main pour me faire danser. Et nous avons virevolté et ri, si fort que la pièce est devenue floue. Et quand la chanson s'est arrêtée, tu m'as embrassée. Tu ne m'avais toujours pas adressé la parole, hein, et tu m'as tellement embrassée que j'en ai eu les jambes coupées. La première phrase que tu m'as adressée, c'est : "Tu ferais mieux de me dire comment tu t'appelles, vu que je vais t'épouser." Je t'ai trouvé drôlement cavalier... Pourtant tu avais vu juste ! 

J'ai eu une belle vie, Len, pleine d'amour et de bonheur. Autant - et même plus - que de tristesse et de mauvais moments, à bien y penser. Et, dernièrement, j'ai eu tout le temps d'y penser. On peut difficilement demander plus. N'arrête pas de vivre simplement parce que je ne suis plus là ; continue, Len. Continue à danser, à danser avec nos petits-enfants, pour moi. Je veux que tu les fasses rire, que tu les choies. 

Et quand tu penses à moi, ne pense pas aux derniers jours. Pense à moi en train de tourbillonner, de rire et de danser dans tes bras. Souviens-toi de moi comme ça. 

 

Ta femme qui t'aime, 

Dorothy ≫

 

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C'est avec cette lettre intimiste et pleine de sensibilité que débute Nous sommes les étoiles de Rowan Coleman. Le roman est dans ma pile à lire et ces quelques lignes confirment qu'il devrait beaucoup me plaire.

Éditions Hauteville, 2021

Titre VO : We are all made of stars

Traduit par Claire Allouch

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