La Maison des feuilles

En rentrant chez eux un soir, les Navidson – Will, Karen et leurs deux enfants qui viennent à peine d’emménager en Virginie – découvrent qu’une nouvelle pièce a surgi dans leur maison... comme si elle avait toujours été là. Simple inattention ? Canular élaboré ? Mètres, plans et appareils de mesure sont réquisitionnés, et soudain l’explication la plus étrange devient la plus évidente : le foyer des Navidson est plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Très vite, d’autres changements surviennent ; un mur se décale, une nouvelle porte apparaît dans le salon et derrière elle un couloir étroit et obscur. Photoreporter de renom et aventurier intrépide, Will s’y risque un soir mais, manquant de se perdre dans ce qui s’avère être un dédale immense, décide de mettre sur pied une équipe d’explorateurs chevronnés, afin d’étudier ce passage qui paraît sans fin et qui, très vite, se révèle l’être pour de bon.

Plongée dans le labyrinthe d’une maison impossible, ce roman tout en méandres cache un minotaure : au cœur de l’obscurité abyssale et toujours croissante, résonne un grondement impie qui semble vouloir déchirer les murs et dévorer les rêves.

La Maison des feuilles de Mark Z. Danielewski

Titre original : House of Leaves - Traduit par Claro

Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 2022 - 702 pages - 27,50€

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Cette belle brique pèse son poids ! 702 pages de ce qui s'apparente à un véritable ovni littéraire. Curiosité face aux phénomènes, curiosité face au récit et à sa forme... Mais également appréhension de m'y mettre, de ne pas être à la « hauteur » de ce roman qui semble tellement culte, ne laissant pas ses lecteurices indemnes... 

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Lorsque Zampanò meurt, Johnny Errand aka Hoss met la main sur quelques-unes de ses affaires, dont un manuscrit, qui décortique le film de Will Navidson. À sa sortie, Le Navidson Record de Will Navidson a suscité l'intérêt par son étrangeté. Will y montre son emménagement, avec femme et enfants, dans leur nouvelle maison en Virginie. Maison qui ne cesse de soulever de nouveaux mystères ; porte qui apparaît, couloir qui ne cesse de changer, etc. Will est décidé à comprendre et filme toutes ses recherches et explorations. 

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"Lentement mais sûrement, j'ai perdu mes repères, me suis de plus en plus détaché du monde, quelque chose de triste et de hideux contractant les commissures de mes lèvres, affleurant dans mes yeux. J'ai arrêté de sortir le soir. Rien ne pouvait me distraire. J'avais le sentiment de perdre le contrôle. Quelque chose de terrifiant était sur le point de se produire. Et finalement, quelque chose de terrifiant s'est produit." - Hoss

Entre la Virginie et la Californie, entre la famille Navidson et Hoss, avec Zampanò tel un relais entre elleux... Étrange et parfois un brin ardu à suivre, j'en ressors un peu perplexe - en partie parce que je suis certaine de ne pas avoir saisi toute la symbolique de certains détails. L'ambiance est génialement prenante et de plus en plus angoissante lorsque nous sommes face aux descriptions pures et dures du Navidson Record, avec les ressentis de Will, Karen (sa femme) & co. L'exploration de la maison auprès de Will (et d'autres) déroute nos sens et se révèle plus d'une fois flippante. Et puis il est aussi intéressant (et dérangeant) de suivre la descente aux enfers d'Hoss, qui fait face à ses propres démons, à mesure qu'il retranscrit les écrits du vieil homme décédé. En revanche, j'ai été moins captivée et attentive quand ça partait dans des analyses scientifiques notamment, qui me faisaient d'ailleurs sortir du récit, alors même qu'elles ont leur importance...

"Navidson a toujours été un aventurier prêt à prendre des risques au nom de l'exploit. Karen, de son côté, demeure la garante des responsabilités et elle s'oppose catégoriquement aux risques, surtout ceux qui pourraient mettre en danger sa famille ou son bonheur. [...] Sans bruit, sans mouvement, par sa seule présence, le couloir crée une grave scission dans le foyer des Navidson."

L'originalité de ce livre tient aussi dans la mise en pages de certains passages, qui contribue à nous faire vivre l'histoire, à rendre palpable l'horreur vécut par les personnages - les errances, les doutes et les peurs. Nos certitudes sont souvent déstabilisées ; par le côté étouffant de certaines descriptions et par le réel qui n'est jamais bien certain, tout comme l'espace et le temps. Bref, tout pour nous faire des nœuds au cerveau !

"J'ai perdu le sens de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas. Ce que j'ai inventé, ce qui m'a façonné." - Hoss

Est-ce que je recommande ?

Oui. À relire plus d'une fois, sans aucun doute ! Certains passages complexes et/ou moins "passionnants" sont bel et bien présents, mais ne prennent pas l'ascendant sur le(s) récit(s) prenant(s) et énigmatique(s).

La vidéo d'ALT 236 est à voir, pour en savoir plus sur le livre. Perso, je l'ai regardé après avoir terminé ma lecture et l'écriture de mon avis, et c'était super intéressant pour revivre le récit, faire le point sur certains passages.

En quelques mots...

Années 90 | Virginie | Maison | Ash Tree Lane | Famille | Film | Mystère | Énigme | Critique | Los Angeles

Avertissement (Trigger Warning) :

Je vous laisse surligner ci-dessous, si vous le voulez.

Cela peut divulguer une partie de l'intrigue.

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